P'tit couteau
Mai, 2017
J’ai tout retourné, tout
Après plusieurs heures (oui je vous demande de me croire, plusieurs heures de visionnage de vidéos YouTube), je suis infichu de remettre la main sur cette vidéo. Peut-être n’a-t-elle jamais existée ? Peut-être que du fond de ma malveillance naturelle, ensuqué de volonté de nuire, je l’ai purement et simplement inventée, cette vidéo ? La haine est un moteur qui nous fait faire des trucs dingues… C’est dommage que je ne puisse la retrouver — très — car cette vidéo est à l’origine de ce blog. Je me trouve nul de ne pas pouvoir remettre la main dessus. Franz-Olivier si tu lis ce blog, aide-moi !
En désespoir de cause je m’adresse à Franz-Olivier Giesbert car dans cette vidéo, c’est lui qui cause face aux caméras d’un plateau télé. Il commente les résultats du premier tour des présidentielles 2017 — dispositif idéal pour déclencher une bouffée délirante macronitique. L’éditorialiste-vedette s’attarde plus spécialement sur la réussite jugée bouleversifiante d’Emmanuel Macron (ses 24,01%). Il déploie sa glorieuse analyse, alors que les cadavres des éliminés du premier tour sont encore chauds et que beaucoup de leurs électeurs dépités se trouvent toujours en état de sidération. Je ne sais pas vous, mais le ressassement de cette défaite m’impose de respirer avec le ventre.
Bref, le dispositif était tellement idéal que crise de macronite il y eut ! D’un seul coup, dans le presque bruit de fond du bla bla bla ronronnant de l’éditorialiste qui parle pour ne rien dire, au point qu’on ne les écoute plus que d’une demie oreille déconcentrée, le camelot lâche à l’antenne, il a réussi, avec juste son petit couteau
. Les micros, eux, retransmettent sans broncher, mais pour ma part je frôle l'apoplexie.
Je précise pour mes lecteurs malentendants que le il »
c’est Emmanuel Macron ! Oui madame, oui monsieur, Franz-Olivier Giesbert pense et à l’audace de dire que la réussite de Macron est celle d’un homme seul, armé d’un p’tit couteau. Je répète Franz-Olivier Giesbert à l’audace de dire que la réussite de Macron est celle d’un homme seul, armé d’un p’tit couteau !
Je m’étouffe, je m’égosille, je chancelle. Alors comme ça Franz-Olivier Giesbert a l’outrecuidance de nous faire croire qu’il n’a rien vu et donc qu’il n’y avait rien à voir. Il n’a rien vu de la macronite généralisée, rien du torrent médiatique, rien des messages sur toutes les radios, rien des images sur toutes les chaines de télé, rien des Unes des magazines, des journaux, des sites d’information, rien ! Rien non plus de la Mère Denis qui nous a dit sur tous les tons, en battant violemment son linge, que Macron lave plus blanc (bon d'accord pas elle). On comprend que sur toute la période, Giesbert n’était plus lui-même, sous l’emprise de sa macronite il avait perdu la raison. Pauvre homme. En fait, la macronite de Franz-Olivier Giesbert est tellement monumentale, que là nous avons un cas d’école.
Tu pousses le bouchon un peu trop loin Maurice Franz-Olivier !
Avec l’affront d’un enfant un poil espiègle qui n’a rien fait puisqu’il vous le dit, l’aplomb du criminel les mains pleines du sang de sa victime, Franz-Olivier Giesbert nie l’incommensurable campagne médiatique qui a porté la candidature de Macron au détriment de tous les autres. Tout ça avec seulement une toute petite phrase articulée autour d’un inoffensif p’tit couteau !
Mais Franz-Olivier est trop à l’aise devant les caméras, car son p’tit couteau n’est en rien l’objet du hasard. Tel une sorte de lapsus, il renvoie à la figure du petit garçon et aussi à celle de sa maman… Bah oui quoi, s’il y a un petit garçon, la maman n’est jamais loin. La maman, la maman ou bien la couguar.
Car dans l’histoire racontée par Franz-Olivier, ce p’tit couteau n’a rien de celui du chasseur bourru proche de la nature et les gros doigts maladroits qui vont avec. Genre celui qui se prépare une grosse tartine familiale avec du gras, plein, et qui détrempe le tout d’un gros flot de rouge tiédi du séjour en besace. Ce chasseur-là, viril de sa personne, au point qu’il fasse loisir de la tuerie des bêtes (faut-il être grave) est à l’opposé de notre Manureva, qui trouve la tartine trop épaisse et la croûte trop dure pour sa petite mâchoire remplie de dents de lait. Trop grasse, trop bout-de-viande jetée comme ça, lui qui ne mange que des choses propres.
Non, le p’tit couteau de Giesbert rappelle plutôt le bivouac des petits scouts farfadets, ce bord de forêt aménagé en camp de vacances sécurisé, les jouets d'enfants, les p’tites zigounettes, les petits garçons prépubères dont la voix n’a pas mué, bref, renvoie à la guerre des boutons. À coup de métaphore coutelière, Giesbert, tout attendrit par le quasi petit Enfant Jésus, nous parle de ses instincts paternels, de sa tendresse pour Macron, et oubli bien volontiers tout le reste.
Edit du 22 mai 2017
Concours de zigounette ?
Macron se fait faire une démo du gros couteau d'un militaire, lors d'un déjeuner avec les troupes au Mali… attention, le plan ne dure qu'une demi-seconde.
Emmanuel Macron rend hommage aux troupes... by CNEWS
Et pour finir, parce que je t'aime bien, ami lecteur, voici un portrait de Giesbert, c'est de la part de l'OJIM (l'Observatoire des Journalistes et de l'information médiatique). Oui, les journalistes ont un observatoire
! Comme les astres.