Emmanuel Macron, une enfance chez les jésuites

Tel est le titre d'un article du Monde du 5 juin à propos de notre décidément adorable nouveau président. Cet article fait l'éloge du président enfant (et de son école…) Le tout est tellement condescendant qu'on se demande si l'auteure, Zineb Dryef, ne se moque pas un peu d'Emmanuel Macron et du flot de compliments médiatiques qui l'entoure ces jours-ci pour cause de campagne des législatives. Ce faisant on souligne encore le côté homme-enfant de notre charmant Manuréva, et c'est le p'tit couteau de Franz-Olivier Giesbert que l'on joue encore et encore.

Florilège de courtisaneries où d'âneries

C’est à la Providence, à Amiens, qu’Emmanuel Macron a été formé à… l’excellence. Zineb.Dryef

À l'excellence, rien de moins, et nous n'en sommes qu'au chapô de l'article et accessoirement à la Une du Monde (là où ça compte double), puisque les chapôs sont repris en Une. Bien que l'article soit réservé aux seuls abonnés, les courtisaneries sont placées au tout début de l'article et donc visibles du tout un chacun — c'est bien foutu leur truc. En plus de nous mettre bouche bée devant un tel étalage des qualités d'un seul homme, l'idée de ce genre d'article dithyrambique est aussi de nous faire oublier la campagne médiatique absolue dont a bénéficié Macron, en insufflant qu'il a réussi, seulement, parce qu'il était brillant, quasiment depuis l'œuf. Respirez un grand coup, on y va.

Une histoire si romanesque que les médias du monde entier, américains, anglais, suédois, néerlandais, chinois, japonais, suisses, sont venus recueillir les souvenirs de ceux qui ont connu Emmanuel Macron. Ici on nous parle de Brigitte, qui dans beaucoup de ces pays serait en tôle. Mais passons ça plomberait l'ambiance de l'article.

Un élève prodige.

Le père Philippe Robert, enseignant de physique-chimie : "En première, le jour de son bac blanc de français, nous étions, juste pour le plaisir, quatre enseignants au fond de la classe à être venus l’écouter, raconter les salons littéraires du XVIIIe siècle. Un moment éblouissant." (Paris Match) et repris par Le Monde.

Son professeur d’histoire, Arnaud de Bretagne : "Emmanuel était un battant, quelqu’un de très mature pour son âge, qui aimait le contact des adultes et qui posait énormément de questions. Quelqu’un d’enthousiaste." (Le Parisien) et repris par Le Monde.

Marc Defernand, professeur d’histoire et géographie : "Je l’aurais imaginé devenir un grand acteur de théâtre classique. Je lui avais dit un jour : 'Si tu continues dans cette voie, tu seras le Gérard Philipe du XXIe siècle.' Chaque siècle a eu un personnage hors du commun; peut-être qu’il est celui du XXIe siècle ?" (TF1) et repris par Le Monde.

C'est un "Fils de jèses" Ça sonne un peu comme fils de p… de pub, mais c'est jésuite, valorisant en soi, puisqu'on vous le dit. J'imagine qu'il faut lire cette annonce avec emphase, éblouissement et envie… Vous pouvez penser que vous avez raté votre vie, de ne pas être un Fils de jèses, il vous reste l'admiration.

La Providence un des établissements réputés exigeants, longtemps destinés à la formation des élites du pays.

Le reste de l'article ressemble à une publicité pour la Providence, on va même jusqu'à nous donner le prix, mais en fait il s'agit plutôt d'une publicité pour ses élèves, superbe école = superbes élèves, et donc pour Macron, courtisanerie encore.

Parents, si vous voulez donner toutes leurs chances à vos enfants, que dis-je, si vous êtes de bons parents, alors courrez les y inscrire. A ce sujet, Zineb Dryef qui a le sens pratique, donne une information conseil à ceux qui sont allés au bout de l'article (les seuls abonnés) : Jean-Michel Héniquez assure inscrire les élèves par ordre chronologique d’arrivée des demandes. Sans aucun critère de sélection. "Les parents qui inscrivent tôt leurs enfants sont des parents attentifs." Sens très pratique mais surtout, pas gratuit, car on nous parle ici de méritocratie, rien que de méritocratie. Enième message kisscool : Macron a réussi grâce à la seule méritocratie. Ils invoquent tout, absolument tout, sinon les médias.

PS : Mais ne rêvez pas trop fort bonnes gens, car l'auteure précise que l’école s’est ouverte dès les années 1970 aux classes moyennes, notamment avec l’ouverture des sections techniques. Ca vous tente une section techno pour vos rejetons ?